jeudi 22 août 2013

La Maison des Sept Femmes - Leticia Wierzchowski

1835. Dans les états du sud du Brésil, la révolte gronde contre la politique économique de l’empire. Décidés à défendre leurs droits et le produit du travail de leurs terres, les grands propriétaires terriens gauchos entrent en guerre civile contre les impériaux. À leur tête, le général Bento Gonçalvez da Silva. Bien qu’il envisage un conflit court, il prend soin de protéger sa famille en conduisant sa femme, ses sœurs et ses nièces dans l’estancia de la Barra, propriété isolée où elles vont attendre la fin de la guerre. Celle-ci durera dix ans. Dix ans à la poursuite de la liberté pour les esclaves du Rio Grande do Sul et de l’autonomie pour les grandes provinces du Sud.

Pendant ce temps, Manuela, jeune nièce de Bento, raconte l’attente épuisante, les peurs et les espoirs d’un foyer féminin où le temps semble suspendu. Sa vie changera à jamais à l’arrivée de Giuseppe Garibaldi, venu prêter main-forte aux républicains.
Tout à son premier amour, elle ne remarque pas les égarements de sa sœur Rosario, que l’attente fait peu à peu sombrer dans la folie. Comme sa mère et ses tantes, elle vit plus que jamais au rythme de la guerre, sachant pertinemment que leurs vies en seront bouleversées à jamais.

Une fois n'est pas coutume je copie-colle le résumé de la quatrième de couv'. Il est bien écrit n'en dit ni trop ni pas assez, peut être juste ce qui concerne Rosario.

j'ai perçu deux parties dans le roman, un avant Garibaldi et un après. La première partie concerne je dirai plus les  quatre femmes mûres : Dona Antônia, Dona Ana, Dona Maria Manuela et Caetana. La deuxième, elle, met en valeur les filles, Perpetua, Rosario, Manuela et Mariana. Bon ça fait huit vous allez me dire. Dona Antonia est veuve et vit seule dans l' Estancia de Brejo, assez proche de l' Estancia de Barra où les sept autres femmes vont se retrouver. Dans cet univers dichotomique, la guerre d'une part et la fausse quiétude de la maison d'autre part, Garibaldi se présente comme l'événement perturbateur. Et les hommes la-dedans : et bien ils font la guerre. Souffrent et meurent. Tombent amoureux aussi. Font des enfants parfois.

Dans la première partie, l'inquiètude est palpable, l'angoisse de l'arrivée d'un courrier ou d'un estafette annonçant la mort d'un proche constitue la crainte  prégnante dans les deux cents  premières pages. L'auteure a su mettre en valeur cette saisissante inquiètude en nous donnant au compte goutte des nouvelles de la guerre, c'est à dire à travers la maigre correspondance qui informe de l'avancée de la rébellion, l'évolution des combats, la création de la République.

Garibaldi - source wikipédia
A la demande du général Bento Gonçalvez da Silva, Garibaldi, exilé d' Europe, va venir à l' Estancia de Brejo pour y construire les bateaux de la République. Et, comme si les jeunes femmes, qui n'en pouvaient plus de leur vie de recluses, avaient décidé de vivre coûte que coûte, le roman change de rythme à la mesure du mouvement des combats et des blessures de la République.

Bento Gonçalvès da Silva
Du début à la fin, une ambiance poignante règne sur le roman. La sensation que le temps  s'est arrêté avec l'arrivée des femmes à l'Estancia de Barra et que l'attente peut se faire objet, traduire l'ennui des femmes, la tristesse, l'angoisse sans anéantir le lecteur est un très bel exercice, réussi s'il en faut.

L'écriture s'exprime en partie  via un narrateur externe qui décrit les actes et sentiments des différentes protagonistes mais aussi à travers les cahiers de Manuela qui nous apportent des approfondissement sur les réactions des autres femmes en fonction de leur caractère. Une petite touche de fantastique est là pour rappeler qu'il s'agit d'un roman. Le livre reste très historique.

 Dans un premier temps peu de prise de position se font remarquer. Puis peu à peu des explications se font jour afin de faire percevoir au lecteur la complexité du personnage du général Bento  Gonçalvès da Silva et peut être aussi la cause de l'échec de son entreprise.

C'est un beau roman historique que Leticia Wierzchowski nous dévoile, une belle saga familiale avec une certaine froideur - liée peut être  à la dureté des événements - vue du côté des femmes qui m'a permis de découvrir un peu de l'histoire du Brésil et des mœurs de ses habitants. J'ai aussi apprécié les descriptions du climat et des paysages, l'ensemble est bien dosé et j'ai été toute troublée de ces étés de décembre de l'hémisphère sud.

je remercie les éditions Lattès et Livraddict pour cette excellente sélection.










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