jeudi 12 juillet 2012

Les Soldats de Salamine - Javier Cercas

Javier Cercas est un écrivain et traducteur espagnol né en 1962.

Le roman, Les soldats de Salamine, est paru en 2001. 237 pages.

L'histoire : Le narrateur, un journaliste en quête d'un sujet d'écriture, va rencontrer l' écrivain Ferlosio, le fils de Rafael Sanchez Mazas qui fut le le conseiller de José Antonio Primo de Rivera, leader des phalanges espagnoles, le parti nationaliste fascisant, fondé en 1933, soixante ans plus tôt.

Pendant la guerre civile d'Espagne, Rafael Sanchez Mazas est capturé par les républicains. Mise en déroute, l'armée républicaine fuit vers la France. Les prisonniers sont executés au Collell près de Banyoles mais le conseiller réussit à s'enfuir et à se cacher. Une battue est organisée, un soldat le découvre, le regarde et ne le dénonce pas. Rafael Sanchez vit quelques temps dans la forêt puis se cache dans une ferme en ruine avec deux soldats républicains déserteurs, espérant négocier leur survie avec le nouveau régime en assurant la protection de Sanchez dans l'attente du départ de l'armée républicaine.

 Le journaliste va dans un premier temps intitulé "les Amis de la Forêt",  mener une enquête pour s'assurer que l'histoire de la grâce de Sanchez n'est pas une légende, en recherchant ceux qui l'ont protégé. Puis dans un second temps il présente son livre, "les soldats de Salamine" tel qu'il souhaite l'écrire. Néanmoins quelque chose lui manque pour équilibrer ce récit réel :  retrouver le soldat magnanime dont la recherche est présentée dans la  troisième partie "Rendez vous à Stockton".

Mon avis : qui se voudra bien modeste devant ce chef d’œuvre. Bien sûr j'ai cru que j'allais lâcher pendant la deuxième partie qui présente beaucoup de la vie de Sanchez Mazas et de la redondance de la discussion sur le fameux événement qui a valu sa survie mais j'ai beaucoup appris sur cette période de l'histoire espagnole, car il s'agit bien d'un récit réel. 
J'ai aussi apprécié comment l'enquête est menée, la puérile impatience, l'acharnement, les protagonistes interrogés avec modestie et délicatesse, la sensibilité du journaliste face à la condition humaine. D'ailleurs, ces conditions, associées à l'emploi intimiste de l'incise comme pour rendre plus complice le lecteur, rendent le journaliste sympathique. 

Aussi, plus philosophe, le roman oppose à travers cette enquête journalistique le paradoxe de la vie du pusillanime Sanchez Mazas qui s'indigna d'une façon larvée au Caudillo à celle du soldat clément, à l'avant de toutes les guerres.

Autrement, l'auteur mène le manuscrit avec beaucoup d'humour, exercice pas si simple sur un thème aussi sérieux, en y saupoudrant des tranches de vie avec sa maîtresse Conchi. Et pour tout vous dire j'ai même versé une larme vers la fin mais je ne vous dirais pas pourquoi, la dernière partie est absolument superbe ( et tant pis pour Dijon). 

J'ai sorti quelque citations mais j'aurais pu en extraire bien bien d'autres encore. 

Citations

Sanchez Mazas crût découvrir dans le fascisme l'instrument approprié pour guérir sa nostalgie d'un catholicisme impérial et, avant tout, pour restaurer par la force les valeurs établies de l'ancien régime que le vieil égalitarisme démocratique, ainsi que celui, récent et vigoureux, du bolchevisme menaçaient d'anéantir dans toute l'Europe. En d'autres termes : le fascisme ne fut peut-être pour Sanchez Mazas qu'une tentative politique de réaliser sa poésie, de rendre réel le monde qu'il évoque avec mélancolie, ce monde aboli, inventé et impossible du Paradis.

 - Regarde, dit-elle. avec une moue de dégoût infini, en montrant une plaque sur laquelle figurait : " Avenue Lluis Pericot. Préhistorien". On aurait au moins pu donner à cette rue le nom de quelqu'un qui a fini ses études, non ?

Tous les bons récits sont des récits réels, du moins pour celui qui les lit, c'est la seule chose qui compte.

Aujourd'hui, les gens sont beaucoup plus heureux qu'à mon époque, tous ceux qui ont vécu assez longtemps le savent. C'est pourquoi à chaque fois que j'entends un vieillard pester contre l'avenir, je sais qu'il le fait pour se consoler de ne pas pouvoir le vivre, et chaque fois que j'entends un de ces intellectuels pester contre la télé, je sais que je suis devant un crétin.





ce livre a été lu dans le cadre du challenge les 12 d' YS.

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